Covid-19 : les pharmaciens alertent sur des résultats de tests faussés par le froid
Les autotests et les antigéniques peuvent afficher un résultat tronqué en cas de mauvaise utilisation face aux températures hivernales. En cause principalement : les tests réalisés dans les tentes devant les pharmacies et dans le froid.
Les test antigéniques n'aiment pas le froid. Les autorités sanitaires alertaient déjà il y a un an et elles le rappellent alors que le nombre de dépistages anti-Covid-19 explosent. Ces tests exposés à une température trop basse, en dessous de 2°C, peuvent générer une série de faux positifs. En cause : la délicate réaction chimique au moment où l'on verse le diluant sur la petite cassette qui nous indique si on est porteur du virus.
En plein hiver, ce risque existe, surtout que de nombreux Français vont se faire tester dans des barnums de pharmacie installés dans la rue. Pour en parler, capuche sur la tête, les pieds collés au petit chauffage d'appoint, Alan attend les patients sous l'une des deux grandes tentes blanches installées sur la place du Trocadéro, dans le 16e arrondissement de Paris, serré contre sa collègue. "Ici, on est fort frigorifiés ! Par exemple, là bas, c'est ma tente, mais comme on n'a qu'un chauffage, du coup, je me suis mis avec elle, ici" avoue-t-il.
Pas de professionnel de santé sur place
Le testeur de 18 ans a commencé il y a une semaine. Il a été formé deux heures par le centre médical qui l'embauche. "En vrai, c'est bête. On a juste à rentrer un coton-tige dans le nez et à attendre le résultat. Après, on l'envoie à l'infirmière ou l'infirmier et il envoie le résultat par e-mail aux patients" précise Alan. Pas de professionnel de santé sur place : le centre médical qui gère ses barnums se trouve à six kilomètres de là. Et les tests restent toute la journée dans le froid, au risque, donc, de fausser les résultats et de générer de faux positifs.
Pratique toute autre dans cette pharmacie du 15e : un cabanon est juste devant l'officine. Diamanta, étudiante en pharmacie, fait des sans cesse des allers-retours.
"On rentre tout de suite les ramener à l'intérieur pour que les résultats soient le plus fiable possible."
Diamanta, étudiante en pharmacieà franceinfo
A part l'écouvillon, diluant et cassettes de dépistage restent à l'intérieur. Pas question de compromettre les tests. "Quand on est responsable, on est responsable de A à Z. Il faut vraiment qu'on communique un résultat le plus juste." défend pour sa part le pharmacien Laurent Halwani.
Quelques règles à respecter
Pour éviter toute erreur, l'Union de syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) appelle l'Etat à multiplier les contrôles des barnums sauvages et rappelle également que les autotests sont aussi sensibles au froid : il faut les laisser à température ambiante, entre 2 et 30°C et à l’abri de la lumière directe du soleil. Il faut ainsi éviter des les laisser dans son coffre de voiture avec des températures particulièrement fraîches en ce moment, par exemple.
️ Covid-19 : les tests réalisés dans le froid sont-ils vraiment fiables ? Les explications de Lionel Barrand, président du Syndicat national "Les Biologistes médicaux", sur franceinfo pic.twitter.com/Ss3yitbIAs
— franceinfo (@franceinfo) January 28, 2022
Sur franceinfo, Lionel Barrand, président du syndicat national Les Biologistes médicaux (les Biomed), rappellent ainsi que les autotests sont à "bien utiliser" et à lire après les 15 minutes réglementaires. Mais plus largement, ils ne doivent pas être utilisés comme des PCR : "C'est un test qui ne permet de détecter que les charges virales fortes, alerte Lionel Barrand. Donc on a des performances en dessous de 44% de sensibilité chez les personnes sans symptômes et on a probablement, sur 10 personnes infectées, 7 ou 8 qui seront faussement négatifs avec l'autotest"
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